Coefficient d'énergie primaire électricité : de 2,3 à 1,9
Comprendre le calcul au cœur de la réforme DPE 2026
Énergie finale vs énergie primaire : quelle différence ?
Pour comprendre le coefficient, il faut d'abord distinguer deux notions fondamentales.
L'énergie finale
C'est l'énergie que vous consommez directement dans votre logement. C'est ce que mesure votre compteur électrique ou votre compteur de gaz. C'est aussi ce qui apparaît sur vos factures.
Exemple : Si votre compteur indique 10 000 kWh sur l'année, c'est votre consommation en énergie finale.
L'énergie primaire
C'est l'énergie totale nécessaire pour produire et acheminer l'énergie finale jusqu'à vous. Elle prend en compte :
- Les pertes lors de la production (rendement des centrales)
- Les pertes lors du transport et de la distribution
- L'énergie nécessaire à l'extraction des ressources
Pourquoi cette distinction ?
L'énergie primaire permet de comparer l'impact réel des différentes sources d'énergie sur les ressources naturelles. Un kWh d'électricité n'a pas le même « coût » en énergie primaire qu'un kWh de gaz.
D'où vient le coefficient 2,3 ?
L'histoire du coefficient français de l'électricité explique pourquoi il était plus élevé que la moyenne européenne.
Un coefficient historiquement élevé
En France, le coefficient de conversion pour l'électricité a évolué :
| Période | Coefficient | Contexte |
|---|---|---|
| Avant 2021 | 2,58 | Ancien coefficient réglementaire |
| 2021-2025 | 2,3 | Révision lors de la réforme DPE 2021 |
| À partir de 2026 | 1,9 | Alignement sur le coefficient européen |
La logique derrière le coefficient
Le coefficient de 2,3 prenait en compte :
- Le rendement des centrales nucléaires (~33%)
- Les pertes sur le réseau de transport (~2-3%)
- Les pertes de distribution (~6%)
Mais ce calcul était critiqué car il ne reflétait pas correctement la réalité du mix énergétique français, largement décarboné.
Les critiques de l'ancien coefficient
De nombreux acteurs du secteur (diagnostiqueurs, associations de consommateurs, électriciens) critiquaient ce coefficient qui :
- Pénalisait les logements chauffés à l'électricité décarbonée
- Favorisait indirectement le gaz et le fioul, plus émetteurs de CO2
- S'éloignait de la norme européenne (1,9)
Pourquoi 1,9 en 2026 ?
Le choix du coefficient 1,9 n'est pas arbitraire : il correspond à une référence européenne.
Le coefficient européen par défaut
La directive européenne sur la performance énergétique des bâtiments fixe un coefficient par défaut de 1,9 pour l'électricité. Chaque pays peut utiliser ce coefficient ou calculer le sien.
Jusqu'en 2025, la France a choisi d'utiliser un coefficient national (2,3). À partir de 2026, elle adopte le coefficient européen.
Une meilleure prise en compte du mix français
Le coefficient 1,9 reflète mieux la réalité de la production électrique française :
- 70%+ de nucléaire : très faible impact CO2
- ~15% d'hydraulique et renouvelables : zéro carbone
- ~10% de thermique fossile : en diminution constante
Les objectifs de ce changement
- Équité énergétique : ne plus pénaliser l'électricité décarbonée
- Cohérence climatique : encourager les solutions bas carbone
- Harmonisation européenne : faciliter les comparaisons internationales
Impact sur le calcul du DPE
Voyons concrètement comment ce changement de coefficient affecte le calcul du DPE.
La formule de base
Pour chaque usage électrique (chauffage, eau chaude, éclairage, etc.) :
Énergie primaire = Énergie finale × Coefficient
Exemple de calcul détaillé
Prenons un appartement de 60 m² tout électrique avec les consommations suivantes en énergie finale :
| Usage | Énergie finale (kWh/an) |
|---|---|
| Chauffage | 4 800 |
| Eau chaude | 1 200 |
| Éclairage | 300 |
| Auxiliaires | 180 |
| Total | 6 480 |
Calcul AVANT réforme (coefficient 2,3) :
- Énergie primaire totale = 6 480 × 2,3 = 14 904 kWh/an
- Ramené au m² = 14 904 / 60 = 248 kWh/m²/an
- Classe DPE = D (seuil 181-250)
Calcul APRÈS réforme (coefficient 1,9) :
- Énergie primaire totale = 6 480 × 1,9 = 12 312 kWh/an
- Ramené au m² = 12 312 / 60 = 205 kWh/m²/an
- Classe DPE = D (toujours, mais plus proche du seuil C)
La réduction en pourcentage
Le passage de 2,3 à 1,9 représente une réduction de :
(2,3 - 1,9) / 2,3 = 17,4%
C'est cette réduction de 17,4% sur l'énergie primaire électrique qui permet à de nombreux logements de changer de classe.
À noter
Les coefficients des autres énergies restent inchangés : gaz = 1, fioul = 1, bois = 1. Seule l'électricité est concernée.
Ce qui ne change pas : le coefficient GES
Une confusion fréquente concerne l'étiquette des émissions de gaz à effet de serre. Voici pourquoi elle reste inchangée.
Deux calculs indépendants
Le DPE comporte deux étiquettes calculées différemment :
| Étiquette | Base de calcul | Coefficient concerné |
|---|---|---|
| Énergie (kWh/m²/an) | Énergie primaire | ✅ Modifié (2,3 → 1,9) |
| GES (kgCO2/m²/an) | Émissions directes | ❌ Non modifié |
Le facteur d'émission de l'électricité
Les émissions de CO2 sont calculées avec un facteur d'émission (en gCO2/kWh), distinct du coefficient d'énergie primaire :
- Électricité France : ~79 gCO2/kWh
- Gaz naturel : ~227 gCO2/kWh
- Fioul : ~324 gCO2/kWh
Ce facteur d'émission ne change pas avec la réforme 2026.
Conséquence pour votre DPE
Votre étiquette énergie peut s'améliorer, mais votre étiquette GES restera identique. Et comme la classe finale du DPE est la pire des deux, l'amélioration n'est pas garantie pour tous.
Conclusion : un rééquilibrage attendu
Le passage du coefficient de 2,3 à 1,9 pour l'électricité corrige une anomalie qui pénalisait depuis des années les logements chauffés à l'électricité décarbonée. Cette évolution technique, qui peut sembler mineure (17% de réduction), va avoir un impact concret sur des millions de logements français.
Si vous êtes propriétaire d'un logement chauffé à l'électricité, cette réforme joue en votre faveur. Mais pour connaître précisément son impact sur votre étiquette DPE, rien ne vaut une simulation personnalisée.
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